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Technique

Réussir ses photos de nuit – Cas pratique

Serge, un habitué du blog, m’a laissé un commentaire sur l’article « Réussir ses photos de nuit sans flash ». Il m’indique qu’il a des difficultés pour un cas précis : des photos de personnes qui dansent de nuit sur la place de son village. Il est vrai que c’est un exercice difficile. Les conditions sont extrêmes : sujets en mouvement et peu de lumière. J’avais commencé à rédiger une réponse dans les commentaires, puis devant la taille de ma réponse, il semblait évident que sa place était plus parmi les articles que parmi les commentaires. Cela offrira à cette réponse plus de visibilité et permettra au plus grand nombre d’en profiter.

Problématique des photos de nuit

Il y a en effet plusieurs choses à savoir si l’on veut faire des photos de nuit et plus particulièrement de personnes en mouvement. Plusieurs problèmes se posent :

1) La luminosité : Il y a peu de lumières, l’appareil photo restitue des photos noires ou très sombres dans certains cas.

2) Le flou de bougé : Les photos sont plus lumineuses mais floues. On a l’impression qu’elles sont nettes sur le petit écran de l’appareil, mais une fois rentré, c’est la déception. Elles sont en faites toutes floues ! Et même si on ne bouge pas, les sujets qui dansent peuvent être flous.

3) La mise au point : Elle peut être laborieuse et se fait quelquefois sur l’arrière-plan plutôt que sur le sujet. Il est aussi difficile de pointer précisément vers un sujet qui se déplace. Difficile de faire la mise au point sur une zone trop sombre, l’objectif patine et peut nous faire passer à côté d’une jolie photo.

couple paris de nuit

Cette photo a clairement un problème. Le couple chahute et fait des mouvements. La vitesse de 1/8 utilisée est trop lente.Elle ne permet pas de figer les gestes.

Solution proposée

Heureusement, il existe plusieurs solutions qui permettent d’aider l’appareil à lui faire comprendre ce que l’on veut faire et obtenir le bon résultat.  Concernant le mode de l’appareil photo, il va falloir oublier le mode automatique et passer en mode manuel. Je sais, ça peut faire peur à certains, surtout ceux qui débutent. Mais ce n’est en fait pas si compliqué. On va voir cela ensemble. Si l’on opte pour ce choix ce n’est pas par masochisme ou pour frimer, mais pour plusieurs raisons. En automatique, l’appareil décide de tout, c’est-à-dire, de l’ouverture de l’objectif, de la vitesse et de la qualité de l’image. Il fait de son mieux, mais ses choix ne sont pas optimisés. En fait, son unique but est d’obtenir une photo bien exposée (suffisamment lumineuse) par tous les moyens. Il n’aura donc aucun scrupule à restituer des photos floues ou de très mauvaises qualité du moment qu’elles sont mieux exposées.

Le photographe n’a pas systématiquement besoin d’une photo parfaitement exposée. Il pourra par exemple se contenter d’une photo plus sombre, mais qui restituera mieux l’ambiance qu’il est en train d’expérimenter. Il bénéficiera du coup d’une image de meilleure qualité. Je vais revenir sur ce point un peu plus loin.

En photo, notre meilleur allié est la lumière. Plus il y en a et plus l’appareil a des facilités à prendre des photos. Les choses se gâtent lorsqu’il y en a moins, notamment de nuit. Il faut jouer alors avec les 3 paramètres et ce sont toujours les mêmes : l’ouverture, la vitesse et les ISO (la qualité). Chacun vont nous permettre d’assombrir ou d’éclaircir nos photos, d’ajuster leur exposition.

Si l’on augmente la vitesse, la photo sera moins exposée, si l’on baisse la vitesse, la photo sera plus exposée. Plus on laisse à l’appareil le temps de prendre une photo, plus il va capter de lumière.

Si l’on baisse les ISO, la photo sera plus exposée, si l’on monte les ISO, la photo sera moins exposée. Augmenter les ISO revient à demander à l’appareil d’éclaircir notre image artificiellement et cela va donc dégrader l’image.

Si l’on augmente l’ouverture, la photo sera mieux exposée, si on la diminue, la photo sera moins exposée. Si l’on ouvre notre objectif au maximum, il sera à même de capter plus de lumière, si on le ferme, il en captera moins.

C’est tout. Il s’agit juste de connaître ces 3 principes pour passer en manuel et savoir pourquoi on diminue ou on augmente tel ou tel critère.

Une fois que l’on sait cela, on peut décider de privilégier un critère au détriment d’un autre. On obtiendra une photo avec autant de lumière mais pas avec le même rendu. Une photo plus rapide permettra de tout figer, une photo plus lente, permettra d’ajouter du mouvement. Une grande ouverture permettra d’avoir un joli bokeh (flou d’arrière-plan), une petite ouverture permettra d’avoir une zone de netteté plus grande, etc.

La vitesse

Revenons en à notre cas pratique. L’idée est donc de capter le maximum de lumière en jouant avec nos 3 paramètres. Pour la vitesse, on peut descendre jusqu’à 1/160 (1 seconde divisée par 160) cela permet d’obtenir une photo avec peu de risques de flou de bougé. Bien sûr, il ne faut pas s’amuser à bouger l’appareil dans tous les sens quand on prend la photo. À cette vitesse, il faut être stable malgré tout. En dessous, cela commence à devenir un peu trop lent et on risque d’avoir du flou de bougé, tout dépend de la stabilité de chacun.

Il est important quand on prend une photo dans ces conditions de bien vérifier ses images sur l’écran de l’appareil en zoomant. Je me suis fait avoir un nombre incalculable de fois où sur le petit écran on a l’impression que l’image est nette et quand on rentre chez soi, l’horreur. On a des séries entières de photos floues et totalement inexploitables. Si on peut rattraper des photos mal cadrées ou mal exposées, des photos floues sont quasiment impossible à récupérer. Il existe bien des options, je pense notamment à Photoshop qui possède un outil permettant de rectifier le flou. Mais il s’avère finalement inexploitable car le mouvement de bougé est en 3 dimensions. L’image ne souffrira pas du même type de flou suivant la zone de l’image.

Tour Eiffel de nuit

Sur cette photo la vitesse de 20 sec est trop longue. Le manège n’est plus reconnaissable.

Tour Eiffel de nuit 2

Une vitesse de 10 sec permet de mieux distinguer le manège. Le manège était cependant en train de s’arrêter et donc allait beaucoup moins vite que sur la photo précédente. Il faut aussi bien sûr s’adapter à la vitesse de déplacement du sujet.

 

L’ouverture

Pour l’ouverture, cela dépend de l’objectif choisi. L’appareil de Serge est à objectif interchangeable (Sony A300). Il ne m’a pas précisé l’objectif qu’il utilise, alors je ne connais pas son ouverture minimum. Mais c’est simple, il faut choisir la plus petite. La zone de netteté sera très réduite, mais l’appareil va capter le maximum de lumière plus rapidement. Le rêve pour ce genre de situation, ce sont des objectifs à ouverture 1.2 ou 1.4, ils captent tellement de lumière facilement, qu’ils offrent la possibilité de pouvoir moins se contraindre en qualité d’image ou en vitesse. Cependant c’est un budget conséquent (il n’est pas rare de tourner autour des 2000 euros l’objectif). La plupart des heureux propriétaires de ces derniers sont des professionnels. J’en parle quand même car parfois il y a de belles occasions sur internet. C’est un autre sujet.

Les ISO

Enfin pour les ISO (la qualité d’image) l’appareil de Serge monte jusqu’à 3200 ISO. Ce qui offre une plage assez large. À 3200 l’image sera cependant très dégradée. Le but du jeu est d’obtenir une image suffisamment exposée  avec les réglages précédents et l’ISO le plus bas possible. C’est là où il faut tester. Si par exemple l’image est assez lumineuse  à une vitesse de 1/160, une ouverture à 1.8 (ouverture hypothétique minimum de l’objectif de Serge) et ISO 800. Il n’est pas nécessaire de mettre un ISO plus élevé. Par contre, si l’image est toujours trop sombre à 1/160 et une ouverture à 1.8 alors il faudra augmenter les ISO. A 1200 par exemple. Plus les ISO augmentent, plus l’image sera mieux exposée. On peut aussi se risquer à baisser la vitesse à 1/120 par exemple et on obtiendra aussi une image plus lumineuse mais elle risque de commencer à être floue, comme vu précédemment.

La mise au point

Pour la mise au point, si elle est laborieuse, il peut être judicieux de désactiver la mise au point automatique sur l’objectif. Et passer en manuel. La faire manuellement avec la bague de l’objectif. Lors du shooting photo, l’appareil ne prendra plus de temps pour faire la mise au point et fera la photo immédiatement. Pratique pour figer un instant décisif par contre le sujet doit être dans la zone de mise au point. Si, par exemple, la mise au point manuelle est faite sur des sujets à 2m, seuls les sujets à 2m seront nets. Ceux des autres plans seront flous. Il existe aussi sur la plupart des reflex, un mode de mise au point qui arrive à suivre les sujets. J’ai cela sur mon appareil, mais je m’en sers jamais cela demande beaucoup d’entraînement. Attention lorsque l’on met son objectif en mode manuel à penser à le remettre en automatique. Il n’est pas rare de se déplacer derrière dans le feu de l’action. Et avoir une mise au point ratée pour toutes les photos qui suivent. Ou bien ranger l’appareil le soir en mode manuel et le reprendre une semaine après… Vous avez compris vous venez de vous faire un sympathique cadeau qui vous promet toute une série de photos floues.

photo mariage

Pour pouvoir prendre le maximum de photos en peu de temps, j’ai délibérément fait la mise au point en manuel. La zone de netteté est uniquement dans la zone ou se situe la femme en arrière plan.

Flash

Il peut aussi arriver qu’il n’y ait juste pas assez de lumière, de nuit ou dans un lieu sombre. Il va donc falloir créer notre propre lumière. Le flash est quelquefois incorporé à l’appareil. Ces flashs incorporés ont une utilité très discutable et à vrai dire certains cherchent encore. Cela ressemble plus à un argument marketing qu’à une véritable option viable sur le terrain. Bref, si vous voulez profiter de tout l’intérêt d’un flash, il faudra investir et en prendre un séparé. Il sera plus grand et plus puissant, ce qui permettra d’avoir un véritable impact sur vos photos. Il faudra opter pour une version orientable. Il est en effet fortement conseillé dans la plupart des cas de figure, de déporter le flash. Que ce soit vers le plafond,  les murs, le sol… Du moment que la lumière revient sur vos sujets indirectement. La lumière sera plus diffuse, mieux repartie, plus naturelle. Vos sujets se sentiront également moins agressés et vous pourrez mieux vous faire oublier, ce qui est toujours un plus quand on est photographe.

N’acheter un flash que si c’est vraiment nécessaire. La plupart du temps cela ne sert à rien et l’on peut se débrouiller en modifiant les réglages de l’appareil. Un flash c’est encombrant, l’appareil devient lourd et on vous voit arriver à des kilomètres. Cela fait 1 an que j’ai un flash, je m’en suis servit qu’une fois et pourtant comme vous avez pu le constater, cela m’arrive de prendre quelques photos. Si malgré tout, il vous semble évident que c’est un achat judicieux, je vous invite à regarder du côté des marques chinoises. Elles offrent des alternatives crédibles et beaucoup moins chères.

Pour les plus fortunés, vous pouvez vous équiper de spots séparés, synchronisés à votre flash, ils feront des merveilles.

photo de nuit Las Vegas

Sur cette photo prise à Las Vegas. Une vitre me sépare des sujets, offrant de jolis reflets. Un flash aurait tué l’ensemble de la photo.

Post traitement

Gardez également à l’esprit que vous pouvez rehausser l’exposition de vos photos après coup avec des logiciels de type Lightroom. Cela se révèle souvent nécessaire, car l’exposition est rarement parfaite, il en va de même pour la balance des blancs, la netteté, le contraste… Si vous venez régulièrement sur le blog vous savez que je fais partie de ceux qui estiment qu’une photo doit être retouchée systématiquement. J’ai réussi à m’affranchir des règles d’Henri Cartier Bresson, que je respecte bien sûr infiniment, mais la photo reste un art et chacun doit pouvoir s’exprimer librement.

Quelques conseils pour améliorer vos photos de nuit

Je vais conclure cet article avec quelques conseils pratiques pour prendre des photos de personnes qui dansent à l’extérieur de nuit. J’ai passé en revue les côtés techniques car c’était la question d’origine de Serge. Mais l’esthétique est tout aussi importante.

  • Se déplacer le plus possible pour avoir plus de points de vue et des angles différents (Point de vue d’un balcon, parmi les personnes qui dansent, se baisser et prendre uniquement les photo des pieds qui dansent..).
  • D’une manière générale se rapprocher et utiliser des petites focales pour être dans l’action. C’est toujours plus intimidant d’être proche de ses sujets lorsque l’on prend des photos mais le résultat n’a rien à voir. En un coup d’œil sur une photo, on est à même de déterminer si le photographe était loin ou non. Les photos « paparazzi » n’ont aucun charme.
  • Incorporer des éléments extérieurs pour donner un contexte. Prendre des photos où l’on inclut volontairement des objets permet de mieux situer la photo. On pourra mieux déterminer où la photo a été prise, à quelle époque, à quel moment de la journée etc. Quand je prends des photos de Paris j’aime inclure aussi souvent que possible un élément qui permet de savoir que la photo a bien été prise à Paris. Pas ailleurs en France ou dans autre pays.
  • Comme on l’a vu la lumière est la meilleure amie du photographe. Pourquoi ne pas s’aider des lumières du lieu (lampadaires, spots, panneaux publicitaires, feux de voiture…). Soyez attentif à votre environnement.
  • Ne pas hésiter à prendre beaucoup de photos. Plus de volume, c’est maximiser ses chances d’avoir de bonnes photos dans le lot. C’est aussi la preuve que l’on tourne autour de ses sujets pour trouver les meilleurs angles. C’est épuiser les photos clichés pour passer à des photos plus évoluées. C’est plus se servir de son appareil et finir par le maîtriser.
  • Pour les photos de personnes qui dansent, il est intéressant d’avoir du mouvement sur certaines photos. Il faut donc faire varier la vitesse de son appareil en conséquence. Attention dans le cas où le visage des danseurs est visible. Il faut essayer autant que possible d’avoir des visages nets. Seuls les corps doivent indiquer un mouvement. Pas évident mais c’est comme cela qu’on progresse.
photo mariage

J’allais oublier l’essentiel… Passez de bonnes fêtes !

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